Depuis la fin de la guerre froide, les politiques de la peur n'ont pas disparu. Au contraire. Leurs sources n'ont cessé de se multiplier, au point d'en faire un des adversaires les plus redoutables des démocraties libérales contemporaines. Certes, comme le rappelle Jean Delumeau, la peur est de tout temps. Si l'affect qu'elle représente connaît son déploiement le plus varié dans le cœur et l'esprit de l'homme, ses formes et ses défis se renouvellent de génération en génération. Aujourd'hui, ses objets et moyens de propagande sont d'une complexité et d'une ampleur inédites. Quant à sa gestion, elle est des plus problématiques : la confiance moderne dans la gestion scientifique des risques et des menaces est fortement ébranlée depuis le milieu du siècle dernier. En sorte qu'il n'est pas exagéré de dire qu'un des enjeux majeurs de nos sociétés est d'assurer en même temps la gestion éclairée des peurs et le contrôle social de ce qui est censé y remédier : les compétences. D'où les deux grands axes d'interrogation pris en charge par les leçons publiques organisées par l'École des sciences philosophiques et religieuses les années académiques 2003-2004 et 2004-2005. Le premier, « De quoi avons-nous peur ? », concerne l'investigation de la spécificité des peurs contemporaines ; le second, « La peur bonne ou mauvaise conseillère ? », a trait aux modes de gestion qui en sont proposés aujourd'hui. |