« L’album pour la jeunesse est devenu un puissant foyer de création artistique et le lieu où s’exerce, par excellence, le plaisir de la lecture ». Cette affirmation, formulée par Jean Perrot en 1988, semble aujourd’hui plus pertinente que jamais. Au tournant du xxie siècle, l’album a diversifié ses formes et acquis une légitimité, tant dans l’espace scolaire que privé. Ce volume propose d’envisager cet objet à travers des perspectives plurielles. Il s’agit d’abord d’inventorier ces nouvelles formes. Hybride par définition, l’album ne cesse de les inventer dans le dialogue renouvelé du texte et de l’image, dans le jeu avec les genres qu’il s’approprie, dans l’emprunt à tous les autres arts auxquels il rend un hommage fervent ou décalé. Apte à se saisir des textes classiques ou patrimoniaux, il les revisite, les réécrit, les déplace. L’album est bien le lieu d’une créativité foisonnante dont l’étude attentive de quelques univers très personnels (Anne Herbauts, Béatrice Poncelet, Philippe Corentin, Frédéric Clément) montre la richesse. Ce support qui s’interroge aussi sur ses propres capacités à représenter engage le lecteur dans un mouvement réflexif qui relève bien d’une démarche esthétique. Analyser la place et la fonction que l’album propose au lecteur, les jeux auxquels il le convie, offre un territoire de réflexion incontournable. Il s’agit alors de caractériser les figures de lecteur(s), de spécifier les formes de leur implication ou encore de réfléchir aux modalités d’apprentissage et de formation à mettre en œuvre. Déjouant les certitudes préalables comme les stratégies de lecture répétitives, chaque album, dans sa singularité esthétique, invite ses lecteurs à une expérience littéraire inédite, une expérience de l’intranquillité. |