Les notions de « patrimoine » et « d’art », par leurs dimensions ethnocentrées, essentialistes et leurs enjeux idéologiques, érigent de nombreuses limites à la compréhension de l’hétérogénéité et du caractère processuel de la création. Partant de la diversité de l’usage des notions d’art et de patrimoine, ce numéro propose de les réinterroger – voire de réfléchir au-delà de ces notions instituées. Neuf études de cas, présentant des objets variés, relevant de différentes aires culturelles et historiques, et abordées avec des dispositifs méthodologiques distincts, seront mises en dialogue. L’objectif est d’appréhender différents moments, espaces, acteurs et logiques de la mise en art et de la mise en patrimoine du social. Trois pôles, considérés comme des propositions à la fois théoriques et méthodologiques, organisent notre réflexion. Dans un premier temps, appelant à l’exploration de la diversité des expériences de l’art, nous nous penchons sur certains « invisibles » de la création – comme le travail hors-champ de quelques acteurs des mondes de l’art et de la science – et sur les processus de création opérant par négociations entre ces différents agents. Dans un deuxième temps, en pensant nos sujets de recherche sous le signe du passage, il s’agit de questionner les circulations, les transferts de sens et les mutations exercées sur certains objets culturels (archives, éléments religieux, objets du quotidien) lorsqu’ils entrent dans le domaine de l’art et du patrimoine. Enfin, dans un aller-retour entre résistance et conformité, nous cherchons à mettre au jour les modalités des engagements (projets officiels, enjeux idéologiques ou sociaux) imprégnant la production de l’art et du patrimoine. |