Signe double et ambigu d’une aspiration au nouveau fondée sur la reprise du passé, oscillant entre désir de sauvegarde et nécessité de progrès, le « néo » participe grandement de l’histoire de la culture européenne. Par son étonnante vitalité, décuplée ces derniers siècles, le « néo » invite à cerner comment et pourquoi une culture, à un moment donné, se tourne par « affinités (s)électives » vers le passé. Intimement lié aux notions de retour à une origine et de transmission d’un patrimoine culturel, ce phénomène polymorphe est ici questionné en étroite corrélation avec les concepts d’identité et de mémoire qui lui sont consubstantiels. Alliant héritage et modernité, le « néo » dans les lettres et les arts met en jeu le rapport au canon : continuité, résurgence, revival ou remise en question, voire rupture ? Il convient là d’interroger le sens et les modalités d’appropriation et de réécriture de modes d’expression apparus dans une culture puis revisités dans un contexte autre. Mais écrire le présent au moyen du néo-, en activant une mémoire individuelle ou collective, n’est-ce pas avouer l’impuissance à créer du nouveau ? Trahir un essoufflement des démarches créatrices ? Au fil d’un dialogue interculturel et interdisciplinaire, les vingt-sept études réunies explorent sous des angles variés – théorie ou critique littéraire, esthétique, philosophie du langage, musicologie… – les visages et enjeux du « néo » dans les domaines britannique, français, hellénique, italien, slave, hispanique et lusophone, de l’Antiquité à nos jours. Par son large spectre d’analyses et la diversité des approches, ce livre entend apporter un éclairage inédit sur cet affixe paradoxal qui, revendiqué ou assigné par autrui, touche de près à l’histoire et à l’identité de l’Europe, de ses origines à son devenir. |