L'histoire de la littérature ne se souvient plus guère de Paulin Gagne (1808-1876). Contrairement à Gustave Flaubert, à Louise Colet et à Tristan Corbière, elle ne sait plus rien de l'auteur du Suicide, de La philanthropophagie, de L'Unitéide et d'Omégar, pour épingler quelques titres d'une production surabondante. Tout au plus, elle le considère comme un « fou littéraire », catégorie floue et par là inopérante. Au rebours de cette histoire obsédée par les classements et les palmarès, Pierre Popovic montre que Gagne est un « absorbeur sémiotique », qu'il a entendu, et bien entendu, ce que disait l'« imaginaire social » du second Empire et qu'il est donc un excellent révélateur de la culture dix-neuviémiste et de ses fantasmatiques. Pour reconnaître cela, il faut prendre au sérieux les discours de celui qu'on a longtemps décrit comme le poète qui faisait rire de lui. Lire Paulin Gagne aujourd'hui, c'est dépouiller des journaux, interroger les aliénistes, étudier les |