La question de l'indicible, où vient buter notre actuelle modernité, a partie liée avec la disparition d'une parole fondatrice : telle est la transformation radicale que la perte des « grands récits » d'origine impose à la fin du xxe siècle. Mais loin de précipiter l'impossibilité de dire vers l'abandon à l'innommable ou l'effusion mystique, la reconnaissance de l'indicible ne rend que plus active l'exigence d'écrire : c'est ce dont témoignent, en précurseurs, les textes d'Edmond Jabès, de Maurice Blanchot et de Marguerite Duras, inaugurant un rapport nouveau à l'écriture qui fait l'objet de cet essai. L'indicible est affaire de langage, alors même qu'il touche à la différence irréductible au cœur du langage. Qu'il s'agisse de la singularité absolue des êtres humains, de l'altérité radicale de la mort ou de l'absolu de l'amour, l'auteur |