Entre dévotions privées et mémoire dynastique, la question du mécénat et du patronage religieux des femmes de pouvoir permet d'aborder l'histoire de leur spiritualité, mais s'inscrit aussi dans une histoire plus politique du pouvoir, et de son partage entre les sexes. Majoritairement écartées de la Couronne et du pouvoir réel au bas Moyen Âge, les reines se sont-elles distinguées par un investissement plus grand dans le domaine du sacré ? Dans l'association délibérée d'un couple, le monarque incarnait-il davantage l'auctoritas et son épouse la caritas ? Loin de l'histoire engagée du genre, il faut concevoir le pouvoir en termes de complémentarité. Il est néanmoins nécessaire de s'interroger sur la (ou les) spécificités du patronage féminin ; en d'autres termes, existe-t-il des domaines spécifiquement féminins d'appropriation ou d'incarnation du sacré ? C'est sous cet angle d'analyse, à la confluence du politique et du religieux, qu'est abordé l'ensemble des reines-consorts des royaumes européens (France, Italie, Espagne, Pays-Bas) dont les parcours sont examinés sur un temps long, du xive au xviie siècle, dans une perspective comparatiste. Toutes les formes d'interventions religieuses sont ici évoquées par les meilleurs spécialistes internationaux de l'histoire politique et artistique du Moyen Âge et de l'époque moderne : fondations d'églises, de couvents et d'hôpitaux, legs pieux et charitables, patronages et collections d'ouvrages religieux, mais aussi commandes architecturales ou artistiques. |