beaucoup et pendant longtemps, de les imaginer aptes à la création. Pour preuve cette affirmation péremptoire de Voltaire, dans ses Questions sur l’Encyclopédie : « On a vu des femmes très savantes comme il en fut de guerrières ; mais il n’y en eut jamais d’inventrices ». En Espagne, aux carences éducatives (plus durables qu’ailleurs, peut-être) s’ajoute le poids des préjugés et des habitudes mentales qui se traduisent par des actes et des discours en réaction à la création féminine. En retour, les femmes qui s’engagent dans une expérience littéraire ou artistique tiennent un discours aux significations variées, voire contradictoires : désir de se justifier, de s’excuser, de s’affirmer ou de se cacher derrière un pseudonyme masculin ; discours sincère ou trompeur, comme le montrent parfois des discordances entre déclarations publiques et confessions privées. L’étude de ces interactions entre le contexte socio-politique espagnol et la création féminine, du XVIIIe au XXe siècle, dans des domaines aussi variés que la littérature, la peinture, le théâtre et le cinéma, apporte des informations précises sur un aspect de l’histoire culturelle encore mal connu, et elle réserve aussi quelques surprises. |