Pour analyser la guerre d'Indochine, à la fois réputée « trop chère » et pervertie par le trafic des piastres, Hugues Tertrais a privilégié le point de vue financier. Il ouvre ainsi une fenêtre à la fois nécessaire et originale qui éclaire différemment le conflit et permet d'en repenser le déroulement. Car si l'argent est le « nerf de la guerre », l'occasion des profits indirects. En s'appuyant sur les archives économiques et financières, l'auteur montre comment le conflit, au départ de nature coloniale, a été rattrapé par son coût. En effet, à défaut de pousser à la négociation avec l'adversaire, dans un contexte marqué par les fortes tensions de la guerre froide, les contraintes financières plaidaient pour un montage combinant les États associés et l'aide américaine, et un désengagement progressif. Le financement de la guerre d'Indochine a donc été un élément déterminant de son évolution. L'évaluation du coût de la guerre conduit ainsi à une évaluation de la guerre elle-même, à travers la nature de ses dépenses, les modalités de leur financement et la gestion des flux financiers qui en découlent, dans laquelle le ministère des Finances joue un rôle croissant : un an avant Dien Bien |