Les voies de la recherche scientifique sont parfois paradoxales. Ainsi, les Sciences de la Terre essaient de comprendre le fonctionnement de nos environnements, mais en même temps s'en éloignent, par souci de la preuve "mathématique". La mode est en effet à la construction de modèles informatiques nécessairement réducteurs, comme à l'analyse d'échantillons censés représenter la nature à laquelle ils ont été empruntés. Ces méthodes, infiniment générales ou particulières, sont utiles, et ne sauraient être caricaturées. Mais elles ne doivent pas faire oublier que le terrain reel reste la mesure de toute chose, surtout lorsqu'il conserve les vestiges d'une évolution globale permettant d'appréhender non seulement l'histoire des reliefs, mais aussi de reconstituer les paléoenvironnements qui ont présidé à la morphogenèse. Tel est le cas remarquable des Monts Ibériques Occidentaux, qui ont fourni à Bertrand Lemartinel l'occasion de décrire assez complètement l'évolution mio-pliocène d'une région tout entière. C'est le géosystème alors fonctionnel, et non plus l'un de ses composants ou son image de synthèse, qui fournit matière à réflexion. Il est lui-même modele d'événements susceptibles de se reproduire en d'autres temps et d'autres lieux. Il s'avère fournir un authentique |