Fréquemment ignorée par les contemporains, souvent inaperçue par la recherche, l’histoire de la souffrance sociale concerne à la fois les individus et les groupes. Elle relève de l’expérience douloureuse que les hommes et les femmes peuvent faire du monde social. L’histoire de ceux qui souffrent car ils se battent contre eux-mêmes, leur milieu, leur destinée familiale, la place sociale qui leur est faite ou encore les rets de la fatalité a trop longtemps été négligée. Depuis peu, cependant, se multiplient les propos sur la souffrance sociale, devenue « symptôme » du malaise des sociétés contemporaines, expression de l’ exclusion des sans domicile, des sans travail, des sans ressources. Nombreux sont les mots qui expriment la résignation, mais certains se présentent comme des sortes de cri, où se mêlent le désespoir, le renoncement et la haine de l’autre ou d’un système social. Entre la résignation silencieuse et la révolte, toute la gamme des attitudes s’avère ouverte. Fruit d’un travail collectif, le présent ouvrage n’entend pas relever d’un dolorisme ambiant, souvent méprisant, mais s’attache à explorer un certain nombre de pistes et s’interroge sur les seuils de l’ acceptable. Objets difficilement saisissables, à l’intersection de l’individu et du collectif, du social et du psychisme, les souffrances |