Des steppes aux remparts de la ville, des portes de la cité au marché - le lieu de l’ouverture au monde et de l’activité masculine - du marché au quartier où se tissent les relations de parenté et de voisinage, et enfin du quartier à la ruelle où se densifie la vie privée, l’étranger gravit les différents degrés de l’intimité urbaine. Une fois franchi le seuil de la maison, le parcours, à l’intérieur, prend le visage d’une montée initiatique, du bas vers le haut, de l’ombre vers la lumière, de la vie fondamentale, animale, sexuelle, digestive, à la vie intellectuelle, spirituelle et sociale. Le passage de la « nature » à la « culture » culmine dans le mafrağ, pièce de réception située au faîte de la demeure, lieu majeur de la sociabilité et de l’urbanité. La maison yéménite s’exalte dans la verticalité et dans ses décors éblouissants. Les motifs floraux évoquent et appellent la fertilité des femmes et des champs, tandis que les serpents, les cornes, les polygones étoilés et les « sceaux de Salomon » conjurent les calamités naturelles et les mauvais esprits, écartent les envieux et protègent de l’opprobre. Les paysages et la lumière qui les baigne, l’architecture et ses décors, les modes de |