À l’inverse de celui des châteaux, des cathédrales et des villes, le monde rural du Moyen Âge ne suscite guère d’image en nous. Bien que regroupant plus de 80 % de la population et affairé à produire nourriture, cuir, laine ou bois si nécessaires à tous, il reste encore très mal connu. Et pour cause : les textes sont presque muets sur ces humbles, et les données concrètes sur leur cadre de vie font largement défaut, en particulier pour ces âges que l’on dit encore volontiers obscurs, entre les Grandes Invasions et l’an mil ! Lacune qui tend aujourd’hui à se combler : les opérations archéologiques préventives suscitées ces vingt dernières années dans la plaine du Lyonnais, la Bresse lyonnaise ou le Dauphiné septentrional par les grands travaux (TGV, autoroutes, zones d’aménagement concerté, etc.) ont livré quantité d’informations, aussi bien sur l’habitat, l’alimentation, l’outillage ou les pratiques agricoles de ces paysans que sur l’évolution de leur mode de vie ou les transformations de leur environnement. Voici désormais accessible cette documentation considérable restée jusque-là en grande partie inédite. Sous la direction d’Élise Faure-Boucharlat, à qui l’on doit déjà Pots et potiers en Rhône- Alpes, l’équipe de publication rassemble une vingtaine de personnes qui ont contribué à restituer les divers aspects de la vie matérielle des populations paysannes. Afin d’ouvrir des perspectives d’interprétation historique, l’ouvrage repose sur une double démarche : présenter ces données archéologiques de façon relativement détaillée et les replacer dans une perspective élargie, sous forme de synthèse thématique. Sur les questions encore en débat, il a paru intéressant d’exposer la diversité des points de vue. Ainsi sont abordés aussi bien l’héritage antique - rupture ou continuité ? - le cadre et l’évolution du peuplement, que la révision des critères traditionnels de datation du haut Moyen Âge ou la part respective du bois et de la pierre dans la construction rurale. |