Décriée la stylistique, mais pourquoi au juste ? Les uns, comme Jean-Michel Adam, considèrent que la linguistique suffit, les autres, plus littéraires, renoncent trop tôt à se doter d’outils d’analyse pour comprendre les formes de ce que Molinié a décidé d’appeler « stylicité ». Le malaise stylistique tient en fait à ses ambitions : être une linguistique du discours en général, d’une part, être une linguistique du discours littéraire en particulier, d’autre part. On lui reproche son esprit positiviste, normatif, réduisant l’étude du texte à une grammaticalisation, ou, au contraire, on déplore son manque de rigueur, l’éclectisme ou l’impressionnisme de sa démarche ; elle est encore la victime de la dualité traditionnelle entre stylistique linguistique et stylistique littéraire ou reste cantonnée dans un rôle ancillaire de préparation aux concours. À l’heure où les linguistiques textuelles, linguistique de discours, linguistiques de corpus fleurissent, on s’étonne que les enseignants-chercheurs qui déploient tant de néologies pour se positionner dans le champ des sciences du langage fassent preuve d’une si troublante amnésie terminologique. La stylistique de Bally n’avait pas d’autre objet que le leur… Mais c’est que le spectre d’une autre stylistique se dresse comme un fantôme bien menaçant : celui de la stylistique des figures, qui parfois se confond avec la rhétorique. À y réfléchir de plus près, cette stylistique-là n’a-t-elle pas son rôle à jouer dans le champ de la sémiotique, et dans celui des sciences d’un langage toujours historicisé ? Si ce livre contribue à donner des éléments de réponse à ces épineuses questions, il aura rempli ses objectifs. |