La littérature fait-elle exemple ? Offre-t-elle des lignes de conduite, des programmes d’action et de pensée, ou nous laisse-t-elle éternellement perplexes devant l’instabilité des normes et la diversité des situations ? La solidarité de la fiction avec l’individuel, le singulier et parfois l’insignifiant, doit-elle nous faire conclure à son impuissance à l’exemplarité ? Quelle articulation reconnaître, à ce titre, entre exemplarité esthétique et exemplarité morale ? Ce sont là quelques-unes des questions posées par ces troisièmes Cahiers du Groupe φ (Groupe de poétique historique et comparée, CELAM, Rennes 2), après ceux consacrés aux notions de contrat (Littératures sous contrat) et d’engagement (L’Engagement littéraire), publiés aux PUR sous la direction d’Emmanuel Bouju. Judith Schlanger, Alice Kaplan, Philippe Forest et vingt-six autres chercheurs – membres, associés réguliers ou collaborateurs ponctuels du Groupe φ – abordent la question, ancienne mais toujours vive, de l’exemplarité littéraire, en trois grands mouvements centrés sur le lien entre exemplarité et exemplification, sur le modèle lui-même exemplaire de l’œuvre de Cervantès et de sa postérité, ainsi que sur l’hypothèse d’une inexemplarité de la littérature moderne. Attaché à traduire la diversité des approches actuelles de la littérature, cet ouvrage remet en question et en mouvement certaines des fausses évidences ou des certitudes préconçues touchant à la puissance ou à l’impuissance des œuvres, à leur capacité à produire des exemples, à proposer des conduites, à servir d’étalon pour le jugement et de modèle pour la vie concrète. |