L'histoire de Paris, de la Lutèce antique aux transformations du xxe siècle, est assez bien connue, mais qu'en est-il des Parisiens ? De larges pans de cette histoire restent à explorer et c'est ce que se propose le présent ouvrage. Il ne revient pas sur l'évaluation de la population à travers les âges, sur les études de métiers ou des déviances du corps social. Les auteurs s'efforcent plutôt de montrer d'où viennent les Parisiens, mélange de natifs et de « forains », provinciaux ou étrangers, dont le flux et le reflux rythment l'histoire de la grande ville. Les arrondissements, les rues et les quartiers créent sociabilité et identité, grâce à la force intégrationniste du bâti parisien et à une certaine porosité sociale, à travers les siècles passés. La bourgeoisie s'efforce de faire « un corps de ville » face à l'État qui cherche à contrôler la population, d'où émergent quelques figures symboliques, la « Parisienne », les Iorettes ou les bandits au grand cœur. Vivre parisiennement, c'est se poser en modèle face aux capitales provinciales ou étrangères et afficher le complexe de supériorité de ceux qui ont conscience de faire l'histoire, en vivant dans une capitale d'où tout irradie, le pouvoir, les modes, les rumeurs, les modèles culturels. Un fort sentiment identitaire se construit dans le rapport à la ville, dont les limites structurent la communauté, et dans le rapport entre les autres et soi-même, qui conduit à exclure les plus pauvres et les plus marginaux et à afficher la supériorité d'un modèle de vie porteur de devoirs et d'exemplarité. Être Parisien, vivre parisiennement et se sentir parisien : trois pôles d'un thème fort riche, approfondi ici de manière diachronique. |