Mon ami Eugène REVERT, Directeur de l'Enseignement Outre-Mer, insiste pour que je fasse précéder de quelques lignes la seconde édition de La France d'Amérique. Je l'en remercie très cordialement, mais je persiste à penser que d'autres seraient bien plus qualifiés que son ancien Gouverneur à la Martinique pour préfacer un livre de cette qualité et de cette importance : de cette qualité, parce que l'auteur est celui qui, à mon sentiment, connaît le mieux nos départements d'Amérique ; de cette importance, car cette seconde édition est en réalité un nouveau livre, entièrement remanié et mis à jour à la suite de séjours récents effectués non seulement dans les Terres françaises mais aussi dans les autres pays - indépendants, américains, britanniques, néerlandais - qui, avec elles, constituent l'ensemble que l'on qualifie aujourd'hui de « monde caraïbe ».Ce monde caraïbe, très divers mais qui présente cependant une incontestable unité, a été naturellement évoqué ici par Eugène Revert et je souhaite vivement qu'un jour prochain il veuille bien instruire plus particulièrement des problèmes qui s'y posent les lecteurs de la collection « Terres Lointaines ».Pour le présent, la nouvelle édition de La France d'Amérique vient incontestablement à son heure.En septembre dernier, j'assistais à un Symposium international qui se tenait à La Haye, sous les auspices de l'Institut Néerlandais des Sciences Sociales, en vue de discuter précisément de la situation présente des pays caraïbes et de leur avenir. Or j'ai été à même de constater, au cours des discussions intervenues, combien étaient parfois erronées les idées professées par certains étrangers quant à l'état d'esprit des Antillais français vis-à-vis de la Métropole. Et ceci de bonne foi, sans aucun doute, mais simplement par ignorance - ou, peut-être, par analogie avec ce qui se passe ailleurs ... Je n'insisterai pas, si ce n'est pour affirmer une fois de plus, comme je l'ai fait à La Haye, l'ardent patriotisme de populations que je connais bien, qui depuis toujours ne cessent de proclamer qu'elles sont françaises cent pour cent au même titre que celles des autres provinces métropolitaines, et qui n'aspirent qu'à le demeurer. Mais il n'est, dit-on, de pires sourds que ceux qui ne veulent point entendre.Georges SPITZAncien Gouverneur de la Martinique. |