Comment les Bretons sont-ils sortis des violences et des combats qui marquèrent la fin de l'Occupation ? La Libération est souvent représentée comme un grand moment de réconciliation nationale jalonné par les bals, les fêtes, les défilés. Elle est aussi perçue comme le temps des règlements de compte : exécutions sommaires, femmes tondues, agressions contre les « collabos ». Luc Capdevila fait revivre cet épisode complexe à travers le regard du plus grand nombre, celui des « patriotes », celui des « bons Français », celui des « collaborateurs notoires » : comment les citoyens et les citoyennes ordinaires ont-ils vécu et perçu la sortie de la guerre ? Quelles étaient leurs aspirations ? Quelles furent les tensions entre la société civile, les minorités agissantes et les pouvoirs publics ? Cette étude sur la Bretagne renouvelle nos approches de cet épisode : à travers l'analyse des interactions entre la réalité, les perceptions et les comportements, sont appréhendés ici les enjeux et les mécanismes de la sortie de guerre. Si la Libération est marquée par le conflit, la société libérée, en quête d'identité, exprime un besoin très profond d'unité nationale. L'inertie des comportements et des imaginaires de guerre s'estompe très vite, |