Dans le monde grec du V siècle avant J.-C., la rhétorique est née du désir de trouver une alternative aux conflits armés. Paradoxe incontestable: plus de deux millénaires après, la rhétorique se porte bien... et la guerre aussi. Cette longue familiarité de l'argumentation et de la violence qu'elle est censée conjurer pose la question du statut et de la finalité du discours politique, tout comme elle conduit à s'interroger sur les raisons d'un échec au moins partiel. Ce discours n'a jamais cessé de faire l'objet d'un débat, sans cesse renouvelé par les conditions historiques, sociales et culturelles. Voilà pourquoi un spécialiste de rhétorique grecque, un latiniste philosophe, un linguiste et une spécialiste de communication ont souhaité organiser en commun un colloque international d'une semaine, dans la tradition des rencontres de Cerisy, afin de faire le point sur cette notion de discours politique et de jeter un pont entre la tradition rhétorique et les théories actuelles du discours et de la communication. Le présent volume réunit les contributions des intervenants. Elles sont, comme prévu, très diverses : Cicéron y croise Lionel Jospin, le commentaire d'une affiche publicitaire voisine avec l'étude du culte de la personnalité sous Louis XIV, on y découvre les ruses de la question rhétorique à l'Assemblée nationale aujourd'hui, le rôle de révélateur que jouent les gaffes commises par les hommes politiques ou encore l'importance du corps des acteurs et de l'espace politique lors de la dernière élection municipale à Toulouse, etc. Mais quelques grandes questions fédèrent ces enquêtes et les mettent en résonance par-delà les siècles, les disciplines et les méthodes : à partir de quand, pourquoi, dans quelle mesure peut-on parler du discours politique comme d'un genre spécifique, comment se constituent, se transmettent et se réalisent les normes de ce discours? Quelle part accorder à la théâtralité dans le dispositif scénique et/ou télévisuel où il s'incarne?… |