Nos sociétés modernes ont-elles encore besoin de héros ? Si en Europe de l'Ouest l'héroïsme national est considéré comme une expérience historiquement révolue ou à ce point redéfinie qu'elle en est méconnaissable, à l'Est, les États qui sortent du culte forcé des héros communistes réinventent, plus ou moins intensément, des héros nationaux. Des États-Unis à Israël, de l'Albanie à l'Irlande, de l'émergence enthousiaste de la nation moderne, à la fin du xviiie siècle, jusqu'à la reviviscence nationaliste qui se déroule sous nos yeux, les textes rassemblés dans ce livre tentent de cerner la fabrication d'un héros national, la mise en place d'une portion de panthéon, la liquidation ou la transformation soudaine des héros d'une période... De Napoléon aux parades des Orangistes, de Franco et Mussolini à Mère Teresa, des nouveaux héros guerriers serbes au père Popieluszko, ce parcours nous fait traverser différents espaces culturels, du local au national, de l'école élémentaire aux médias. S'il n'est pas possible à travers ces incarnations particulières de l'héroïcité, de tracer un portrait-robot du héros contemporain, on peut par contre en cerner certaines caractéristiques : la propension au sacrifice, la capacité médiatrice, l'intégration de traits appartenant à des héros antérieurs, l'aptitude à servir des causes parfois contradictoires. Ce livre analyse enfin le passage, aujourd'hui, d'un modèle héroïque d'identification collective à une individualisation et une banalisation dont l'ironie n'est |